« Cette aube de nous-mêmes au-dessus du néant » est une cosmogonie de l’acte créatif. C’est le résultat d’une réflexion sur la manière dont un « sens » peut émerger du chaos, considéré comme une condition nécessaire à la création artistique selon la pensée de Gilles Deleuze. L’installation est le fruit d’une recherche de plusieurs mois sur la possibilité de représenter le chaos. Le processus a commencé par des tentatives de traverser cette phase chaotique avec des travaux à l’encre, au fusain et avec du fil de coton. Des tentatives vouées invariablement à l’échec, mais qui contenaient en germe l’aube de quelque chose d’indéfinissable. Pour capturer cet ordre, qui se manifestait de façons toujours différentes, j’ai progressivement éliminé les éléments perturbateurs pour parvenir aux lignes essentielles. Comme dernière étape de ce processus, j’ai simplement déposé le fil de coton sur un cadre en bois. Le rythme et l’harmonie créés par la disposition des fils m’ont conduite au-delà de l’ordre, à la recherche d’une harmonie rendue possible grâce au chaos. « Cette aube de nous-mêmes au-dessus du néant » représente l’étape finale de ce parcours.

Sur le sol, un carré tracé avec du ruban adhésif délimite le périmètre d’une colonne invisible dans laquelle il est interdit d’entrer, un espace atemporel où, rien ne se produisant, le temps ne s’écoule pas.

Référence à l’œuvre de Gino De Dominicis, « Cube invisible » (1967), faisant partie de l’œuvre présentée à la Biennale de Venise en 1972, « Deuxième solution d’immortalité (l’univers est immobile) ».